jeudi 31 janvier 2013

A quoi bon investir, ne faut il pas mieux donner ?



La crise actuelle renforce le besoin de financement des projets sociaux en Europe, et ce d’autant plus que la crise de la dette des Etats européens provoque dans toute l’Europe une stagnation voire une baisse des subventions accordées par la collectivité.

Les acteurs de l’économie sociale et solidaire doivent donc s’adapter et développer de nouvelles stratégies de financement  et/ou de développement, ce qui amène certains d’entre eux « les entrepreneurs sociaux » à développer des entreprises ayant une mission sociale et une rentabilité économique afin d’assurer leur pérennité.

Ces entrepreneurs développent des stratégies très similaires à celles de TPE/PME classiques et ont les mêmes besoins de financement et d’accompagnement pour les aider à atteindre leurs objectifs financiers et extra financiers. Ces modèles de développement ne peuvent se financer uniquement par des subventions et du don, même si dans certains cas ils ont des modèles hybrides avec une partie de leur activité financée par des subventions et du don.

L’Europe a bien compris ce mouvement et Bruxelles a lancé un « social business act » qui prendra corps avec le budget 2014 pour mettre en place des financements importants dédiés au financement de ces entreprises sociales conscients de l’impérieuse nécessité de les accompagner pour répondre aux urgences sociales actuelles. Ces mesures entrent en synergie avec les subventions/dons accordés par ailleurs pour financer le secteur associatif.

Spécialisés dans le financement et l’accompagnement de ces entreprises sociales, nous sommes encore peu d’acteurs professionnels à les financer en Europe et les investisseurs nous opposent souvent des arguments de liquidité, de track record… pour ne pas investir considérant que ces investissements sont risqués et offrent peu de perspective à moyen terme. Le secteur souffre clairement d’une méconnaissance de sa logique d’investissement et des risques associés, banquiers et investisseurs considérant qu’une entreprise sociale est « plus risquée » qu’une entreprise classique. Paradoxalement le risque associé au financement de ces entreprises sociales est moins élevé que celui associé à une entreprise classique, principalement car le rendement attendu est moindre (confirmant que le risque est très lié au rendement espéré).

Les banques et conseils financiers n’ont visiblement pas compris aujourd’hui qu’au delà de la logique du don (philanthropie) certaines de nos entreprises sociales peuvent fortement accélérer si elles ont les moyens humains et financiers pour ce faire et qu’elles doivent être financées comme toute entreprise normale même si leur mission est avant tout sociale et non par du don !  et pour les financer, il vaut mieux investir que donner !

Cette problématique « culturelle » est aujourd’hui l’une des clés du financement de ces entreprises à l’heure où les Etats se désengagent. Et un des enjeux majeurs de ce secteur  !

Olivier de Guerre
Président de PhiTrust Partenaires
olivier.deguerre@phitrust.com

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