La
crise actuelle renforce le besoin de financement des projets sociaux en Europe,
et ce d’autant plus que la crise de la dette des Etats européens provoque dans
toute l’Europe une stagnation voire une baisse des subventions accordées par la
collectivité.
Les
acteurs de l’économie sociale et solidaire doivent donc s’adapter et développer
de nouvelles stratégies de financement
et/ou de développement, ce qui amène certains d’entre eux « les
entrepreneurs sociaux » à développer des entreprises ayant une mission
sociale et une rentabilité économique afin d’assurer leur pérennité.
Ces
entrepreneurs développent des stratégies très similaires à celles de TPE/PME
classiques et ont les mêmes besoins de financement et d’accompagnement pour les
aider à atteindre leurs objectifs financiers et extra financiers. Ces modèles
de développement ne peuvent se financer uniquement par des subventions et du
don, même si dans certains cas ils ont des modèles hybrides avec une partie de
leur activité financée par des subventions et du don.
L’Europe
a bien compris ce mouvement et Bruxelles a lancé un « social business
act » qui prendra corps avec le budget 2014 pour mettre en place des
financements importants dédiés au financement de ces entreprises sociales
conscients de l’impérieuse nécessité de les accompagner pour répondre aux
urgences sociales actuelles. Ces mesures entrent en synergie avec les
subventions/dons accordés par ailleurs pour financer le secteur associatif.
Spécialisés
dans le financement et l’accompagnement de ces entreprises sociales, nous
sommes encore peu d’acteurs professionnels à les financer en Europe et les
investisseurs nous opposent souvent des arguments de liquidité, de track
record… pour ne pas investir considérant que ces investissements sont risqués
et offrent peu de perspective à moyen terme. Le secteur souffre clairement
d’une méconnaissance de sa logique d’investissement et des risques associés,
banquiers et investisseurs considérant qu’une entreprise sociale est
« plus risquée » qu’une entreprise classique. Paradoxalement le
risque associé au financement de ces entreprises sociales est moins élevé que
celui associé à une entreprise classique, principalement car le rendement
attendu est moindre (confirmant que le risque est très lié au rendement
espéré).
Les
banques et conseils financiers n’ont visiblement pas compris aujourd’hui qu’au
delà de la logique du don (philanthropie) certaines de nos entreprises sociales
peuvent fortement accélérer si elles ont les moyens humains et financiers pour
ce faire et qu’elles doivent être financées comme toute entreprise normale même
si leur mission est avant tout sociale et non par du don ! et pour les financer, il vaut mieux investir
que donner !
Cette
problématique « culturelle » est aujourd’hui l’une des clés du
financement de ces entreprises à l’heure où les Etats se désengagent. Et un des
enjeux majeurs de ce secteur !
Olivier de Guerre
Président de PhiTrust Partenaires
olivier.deguerre@phitrust.com
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